Midget!

© thomas jean henri


Bio

Le nouvel album de Midget! débute sur une scène plongée dans l’obscurité, et comme toujours dans l’obscurité, c’est en plissant les yeux ou en tendant l’oreille que les premières formes se font lumière. L’intégralité du disque est probablement contenue dans les dix minutes inaugurales du titre « Premier soleil », morceau monstre, morceau manifeste qui ouvre le disque.

Après deux premiers albums parus chez We Are Unique Records en 2012 et 2014, Mocke et Claire Vailler ont voulu rebattre les cartes de leur écriture. Chacun ayant sorti des disques solo entre temps – Claire sous le nom de Transbluency en 2016 et Mocke avec ses deux disques instrumentaux (« L’anguille » et « St-Homard ») en 2014 et 2016 – , l’ambition pour ce nouveau disque était donc renouvelée.

La volonté de déterminer un espace d’expression vierge, le désir d’affranchissement des formats contraignants, la solide conviction qu’il fallait tenter de bâtir quelque chose de neuf pour mieux revenir à soi, ont été les moteurs de cette réflexion. L’idée est ainsi apparue de créer une micro-symphonie composée de glissements, d’accidents, d’apparitions, joués par un orchestre fantomatique qui, comme celui de The Sinking of the Titanic de Gavin Bryars, semble fondre ou se liquéfier. L’album a donc été pensé et composé comme un ensemble, avec une approche à la fois baroque et contemporaine. Sur ce disque, on entend Claire et Mocke faire la synthèse en temps réel de leurs rêveries, se baigner dans des courants contraires, eaux douces, fortes ou troubles, lacrymales ou baptismales, polyphonie en dissolution drapée de notes longues comme les songes. « Ferme tes jolis cieux » explore l’innavigable espace intérieur, l’indicible processus interne qui refuse de se laisser dompter ou même entrevoir.

Le plus frappant, c’est qu’au bout du compte, de cette matière maltraitée, tordue, retournée, réinventée, naissent des évidences, des mélodies qui vous percent le cœur, des harmonies qui vous ravissent, des sons aux mille pouvoirs évocateurs. On se croit par moments dans une féérie à l’orée d’un bois, entouré de biches, à d’autres moments en plein drone futuriste, ou encore dans un disque enregistré dans un salon familial, baigné par la lumière dominicale. Le vrombissement hypnotique d’un violoncelle, les questionnements d’un vibraphone, les mélopées et crissements d’une guitare viennent ainsi se fondre dans un entremêlement de voix, mouvantes, frémissantes, renversées – à l’image de cet album tout entier.

C’est très naturellement que « Ferme tes jolis cieux » sortira chez Objet Disque, maison qui accueille les disques solo de Mocke depuis 2014. L’histoire qui est en train de s’écrire avec la parution de ce disque de Midget!, suite aux précédents albums de Mocke, est tout simplement passionnante. Peu d’artistes réussissent le pari de voir aussi loin devant tout en restant dans leur époque, et surtout de répéter avec une telle régularité les moments de grâce.

Disco

Midget! « Ferme tes jolis cieux »